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Gynécologie

Infertilité et risque de maladies cardio-vasculaires : y penser dans l’ensemble des facteurs de risque

Le Pr Geneviève Plu-Bureau, chef de l’unité de gynécologie médicale de l’Hôpital Port Royal et le Brigitte Raccah-Tebeka, gynécologue-endocrinologue, Ambassadrices d’Agir pour le Cœur des Femmes ont mis en lumière les résultats d’une étude américaine parue en 2023 sur le risque cardio-vasculaire associée à l’infertilité, situation encore peu connue du grand public et des professionnels de santé. Cette étude souligne une fois de plus le lien étroit entre la vie hormonale des femmes et leur santé cardio-vasculaire, justifiant cette coopération étroite entre le médecin généraliste, le gynécologue, et le médecin cardio-vasculaire dans le cadre de parcours coordonnés.

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Les maladies cardiovasculaires comportent des facteurs de risque différents chez les hommes et chez les femmes. Ainsi de plus en plus de travaux scientifiques analysent spécifiquement les influences des facteurs reproductifs et les antécédents obstétricaux des femmes. Si ces derniers (désordres hypertensifs, prééclampsie, fausses couches répétées…) ont fait l’objet de plusieurs études récentes, peu d'études ont analysé l'association entre l'infertilité globale, définie internationalement par plus de 12 mois d’essais de conception sans succès, et le risque cardiovasculaire.

Cette très récente publication vise donc à analyser cette association, à partir des femmes participant à la Nurses' Health Study II (importante étude de cohorte des infirmières américaines) ayant soit renseigné une infertilité (y compris celles ayant réussi à concevoir après cette période de 12 mois) soit qui avaient eu un enfant sans infertilité. Lors du suivi de ces femmes (de 1989 à 2017) étaient rapportés les différentes maladies cardiovasculaires survenues pendant cette période (maladies coronariennes diagnostiquées par un médecin (infarctus du myocarde n=782 ; pontage aorto-coronarien, angioplastie, stent n=984) et d'accidents vasculaires cérébraux (AVC n=762 dont 210 ischémiques). Parmi 103 729 femmes, 27,6 % ont déclaré avoir déjà été infertiles. Par rapport aux femmes gravides qui n'avaient pas signalé d'infertilité, les femmes ayant des antécédents d'infertilité avaient un risque discrètement mais significativement plus élevé de maladies coronariennes (RR, 1,13 [IC à 95 %, 1,01-1,26]), mais pas de risque augmenté d'AVC (RR, 0,91 [IC à 95 %, 0,77-1,07]).

De plus, plus la période d’infertilité était survenue à un âge jeune, plus le risque de maladies coronariennes était important : pour l'infertilité signalée pour la première fois à ≤25 ans, HR 1,26 [IC à 95 %, 1,09-1,46] ; HR à 26-30 ans, 1,08 [IC à 95 %, 0,93-1,25] ; HR à > 30 ans, 0,91 [IC à 95 %, 0,70–1,19]).

Parmi les femmes qui avaient effectué la recherche d’une étiologie de leur infertilité, la répartition était la suivante : troubles ovulatoires (39,1 %) incluant le diagnostic de syndrome des ovaires polykystiques, infertilité du conjoint/facteur masculin (25,7 %), autre cause (21,8 %), endométriose (21,5 %) ou sans cause retrouvée (30,5 %). Seules les troubles ovulatoires ou l’endométriose étaient associés au risque de maladies coronariennes ; HR, 1,28 [IC à 95 %, 1,05-1,55]) et (HR, 1,42 [IC à 95 %, 1,09- 1,85] respectivement.

En conclusion, les femmes infertiles peuvent être exposées à un discret risque accru de maladie coronarienne. Ce risque variait selon l'âge au premier diagnostic d'infertilité et semblait être limité à l'infertilité liée aux troubles de l'ovulation et à l'endométriose.

Quelles sont les implications cliniques ? cette publication renforce l'importance de prêter attention aux facteurs de risque spécifiques des femmes lors de l’évaluation du risque de maladie coronarienne.



Plus d’information :

Farland LV et al. Infertility and Risk of Cardiovascular Disease: A Prospective Cohort Study. J Am Heart Assoc. 2023 Feb 27:e027755.

 
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