Qu’est-ce que l’AOMI ?
L’artériopathie oblitérante des membres inférieurs (AOMI) ou artérite est une maladie vasculaire chronique fréquente d’origine le plus souvent athéromateuse. Elle est définie par le rétrécissement par des plaques de cholestérol (sténose) ou l’occlusion d’une ou plusieurs artères des membres inférieurs. Ces artères se situent dans l’abdomen (artères iliaques), les cuisses (artères fémorales), les genoux (artère poplitée) ou au niveau des mollets (artères tibiales antérieure et postérieure, artère fibulaire). Beaucoup de patients artéritiques sont asymptomatiques. Même asymptomatique, cette maladie doit être prise au sérieux avec la correction des facteurs de risque cardiovasculaire. Les symptômes les plus communs sont la claudication d’effort : des douleurs à type de broiement/constriction/serrement d’une région musculaire en aval de l’artère atteinte apparaissent au bout d’une distance maximale de marche. Les douleurs peuvent être localisées au mollet (le plus souvent), la cuisse voire même les fesses. Les douleurs obligent le patient à s’arrêter et cèdent classiquement en moins de dix minutes. Ces symptômes traduisent une insuffisance de vascularisation des muscles jambes qui souffrent à l’effort. Le traitement de l’AOMI comporte en premier lieu la correction des facteurs de risque cardiovasculaire : sevrage tabagique, traitement médicamenteux contre l’hypertension, le diabète, le cholestérol, la perte de poids par des mesures hygiéno-diététiques et une activité physique adaptée aux besoins, principalement la marche pendant au moins 30 minutes 3 fois par semaine. Au cas par cas, un antiagrégant plaquettaire comme l’aspirine sera aussi prescrite. Le but est de contrôler et de stopper l’évolution des plaques d’athérome sur les artères. En plus de ces mesures médicamenteuses, le médecin vasculaire va prescrire une réadaptation vasculaire supervisée à la marche, afin d’améliorer le flux sanguin dans les artères non malades, et développer ainsi des petites artères de dérivation naturelle, sans intervention chirurgicale.
L’étude américaine
Cette récente étude publiée dans le Journal of the American Heart Association a évalué les effets de la marche plus ou moins intense chez 264 personnes atteintes d'AOMI. Les patients qui marchaient à un rythme qui provoquait de la douleur dans les jambes, ont augmenté leur vitesse et leur distance de marche davantage que ceux qui marchaient à un rythme plus confortable sans symptôme.
Des recherches antérieures ont révélé que la marche active, en particulier sur un tapis roulant sous la supervision d'un professionnel de santé, améliore la capacité et la distance de marche des personnes atteintes d'AOMI. Ce qui restait peu clair, c’était les effets potentiels de la marche à un rythme plus soutenu allant jusqu’à provoquer des crampes douloureuses dans la jambe sur la vitesse, la force et l'équilibre.
Cette étude a évalué les effets de la marche à domicile chez 264 personnes atteintes d'AOMI qui participaient à un essai clinique randomisé, appelé Low-Intensity Exercise Intervention in PAD (LITE) entre septembre 2015 et décembre 2019, dans quatre centres médicaux américains. L’âge moyen était de 69 ans, 48 % étaient des femmes. Les patients étaient répartis au hasard dans l’un des trois groupes pendant 12 mois.
Le premier groupe (38 %) marchait à un rythme confortable ; le deuxième groupe (41 %) marchait à un rythme qui induisait des symptômes dans les jambes ; tandis que le troisième groupe (21%) ne faisait pas d’exercice .
Les deux groupes faisant ces exercices portaient un appareil (ActiGraph) qui surveillait l'intensité et le temps de marche. Les données de l’appareil pendant l'activité de marche : fréquence, l'intensité et durée de l'exercice étaient téléchargées sur le site Web de l'étude.
Au début de l'étude et à 6 et 12 mois, les participants ont effectué trois tests d’évaluation de leurs capacités : vitesse de marche sur une distance de quatre mètres à l'allure habituelle, vitesse de marche sur une distance de quatre mètres à l'allure la plus rapide et courte, batterie de performance consistant en une vitesse de marche de quatre mètres à un rythme habituel, un test d'équilibre debout et le temps de cinq élévations répétées d’une chaise.
Les principaux résultats sont les suivants :
- À six mois, les participants dont le rythme de marche induisait une douleur ou une gêne dans les jambes marchaient 11 pieds par minute plus vite, (0,2 km/ h) et à 12 mois, ils marchaient plus de 16 pieds par minute plus vite (0,29 km / h) que les participants dont le rythme de marche n'induisait pas de douleur ou d'inconfort dans les jambes. Par rapport aux patients ne faisant pas d’activité les participants du groupe qui marchaient pour faire de l'exercice à un rythme induisant une douleur ou une gêne dans les jambes marchaient près de 13 pieds par minute plus vite à six mois (0,24 km/h).
- A 12 mois, les personnes qui marchaient pour faire de l'exercice avec douleur ou inconfort dans les jambes ont obtenu près d'1 point de plus à la somme des trois tests comparativement aux personnes qui marchaient à un rythme confortable sans douleur aux jambes. Pour ceux qui marchent pour faire de l'exercice à un rythme confortable, il n'y a pas eu d'amélioration de la vitesse de marche à six mois ou à 12 mois.
Sur la base de ces résultats, les Médecins devraient conseiller aux patients de marcher pour faire de l'exercice à un rythme qui induit une gêne dans les jambes, au lieu d'un rythme confortable sans douleur. L'exercice qui provoque des douleurs dans les jambes est bénéfique, bien que plus difficile.
En mai 2022, l'American Heart Association et 24 autres organisations ont lancé le PAD (peripheral artery disease) National Action Plan, un guide pour aider à la prévention des complications de la Maladie Artérielle Périphérique, au traitement du risque cardiovasculaire et à l'amélioration de la qualité de vie des personnes touchées. La maladie vasculaire athéromateuse est une maladie chronique, véritable maladie de l’environnement mais les personnes touchées peuvent mener une vie active et longue assortie d’une surveillance cardiovasculaire régulière.
Si vous remarquez que marcher devient plus difficile, qu'il est difficile de suivre les autres ou que vous ressentez de la douleur dans le mollet, la cuisse ou la fesse à la marche, parlez-en à un médecin pour qu’il puisse prescrire la consultation chez le médecin vasculaire qui fera le bilan nécessaire et instituera les traitements de la maladie athéromateuse.
Référence :
Effects of Walking Exercise at a Pace With Versus Without Ischemic Leg Symptoms on Functional Performance Measures in People With Lower Extremity Peripheral Artery Disease: The LITE Randomized Clinical 27Jul 2022 : Journal of the American Heart Association. 2022;0:e025063
Un anévrysme est défini comme l’augmentation de la taille (le diamètre) d’une artère) de plus de 50 % par rapport à la valeur normale : si la normale est de 20 mm, l’anomalie commence à 30 mm. Il peut être localisé sur n’importe quelle artère et on prête une attention particulière [...]
La lipidologie, spécialité qui s’intéresse aux lipides, est une discipline toujours en évolution et pas seulement pour les nombreux traitements qui arrivent. Les patients ont (pour beaucoup) compris la notion de « bon » et de « mauvais » cholestérol sans trop savoir les distinguer sur [...]
Les nouvelles recommandations de la Société Savante Américaine de référence sur la Ménopause (NAMS) ouvrent la voie à de plus en plus de prescriptions de Thérapie Hormonale aux États-Unis (THM). Ces nouvelles recommandations ont notamment fait du bruit parce qu’elles viennent du pays [...]