logofg

TEMOIGNAGES
Cheffe de service, Lille

Magaly, 47 ans

placeholder image

Un nouveau chapitre de ma vie a commencé le 8 janvier 2025. Ce n'était pas un matin comme un autre... C’était un jour de reprise après les congés. J’appréhendais cette nouvelle période chargée. Jusqu'à ce fameux jour, j'étais cheffe de service.

En arrivant sur mon lieu de travail, vers 6h40, je ressens une douleur aiguë et poignante au niveau sternum et au milieu du dos. Mon souffle est court. Je pense immédiatement qu’il faut contacter les secours. Pourtant, je ne le fais pas. Quatre longues minutes s’écoulent, puis la douleur disparaît comme par magie.

Seule dans mon bureau, je renonce à appeler. Au fil de la journée, à chaque déplacement à pied, une gêne thoracique moins importante réapparaît, disparaissant dès que je ralentis ou m’arrête. Ce symptôme aurait dû m’alerter.

Je me dis intérieurement qu’il faudrait en parler à mon médecin, à l’occasion. Je poursuis ma journée en faisant bonne figure, pour que personne ne remarque cette faiblesse. Le soir, une fois rentrée chez moi, épuisée et éprouvée par la journée, je ressens une grande fatigue et des douleurs plus intenses. Je décide d’aller me coucher, pensant qu’une nuit de sommeil serait réparatrice.

Mais les crises s’accélèrent, deviennent plus fortes, oppressantes. La position allongée devient insupportable. Je me lève, m’adosse contre un mur, me concentre sur ma respiration pour ne pas paniquer. Cette fois, la douleur touche aussi l’œsophage (brûlures), la colonne vertébrale, la mâchoire, et les veines de la poitrine, comme si elles étaient obstruées.

Je reste debout, sans perdre connaissance. Mon conjoint appelle le SAMU, qui envoie une ambulance pour un ECG de contrôle. Lorsque les secours arrivent, la douleur a presque disparu.

Je n’ai aucun antécédent cardiovasculaire. Je ne suis pas suivie pour de l’hypertension. Je suis plutôt en bonne santé, avec une hygiène de vie que je qualifie de correcte. Maman de deux jeunes adultes, je ne fume pas, je ne bois pas d’alcool, je ne suis pas sédentaire. Je pratique régulièrement la course à pied, la marche, le vélo. Mais je suis en surpoids.

L’ECG est parfaitement normal. Mais 30 minutes plus tard, les résultats de la prise de sang révèlent un taux de troponine très élevé. Le médecin urgentiste m’annonce que mon cœur est en grande souffrance, qu’il s’agit d’une urgence vitale, et que je dois être hospitalisée en soins intensifs. L’annonce provoque une nouvelle crise.

Après examens, le cardiologue m’explique que j’ai fait un infarctus rare, par sa localisation et son aspect : une dissection (déchirure) de l’artère coronaire principale du cœur. Cinq segments du cœur sont nécrosés. L’artère est trop abîmée pour poser un stent. Après une angioplastie au ballon, il faut patienter trois mois pour une cicatrisation, aidée par un traitement médicamenteux lourd. Ces médicaments ne peuvent être ni arrêtés ni oubliés, car le risque de récidive est élevé.

J’ai apprécié que le cardiologue prenne le temps de m’expliquer clairement la situation, mais aussi de me questionner sur mon mode de vie et mes antécédents. Il était surpris par mon jeune âge (46 ans) et m’a rassurée concernant le surpoids, en soulignant que j’étais sportive et très active. Il a évoqué une maladie génétique rare, finalement écartée quelques semaines plus tard grâce à des examens approfondis.

L’infarctus a été provoqué par une poussée de tension liée au stress professionnel (diagnostic confirmé par un cardiologue expert). La charge mentale et les conditions de travail dégradées depuis quelques temps auxquelles j’étais exposée ont eu un réel impact sur ma santé.

Je réalise que je n’ai peut-être pas vu ou voulu voir tous les signaux d’alerte, notamment en négligeant le principal : malgré la première crise, j’ai continué à travailler sans appeler à l’aide. J’ai mis ma vie en danger en retardant l’appel aux secours et en priorisant un travail qui me mettait sous pression. Cette négligence aurait pu me coûter beaucoup plus cher.

Pendant la phase de cicatrisation, ponctuée de peurs, de doutes et d’angoisses, notamment face au risque élevé de récidive, je me suis recentrée sur moi et ma famille. Cette étape a été difficile, avec des moments de solitude marqués par des crises d’angor, de l’angine de poitrine à l’effort ou à l’émotion.

Je me suis sentie physiquement très diminuée : marcher, monter les escaliers, accomplir les gestes du quotidien devenait éprouvant. Soutenue par mes proches, je me suis efforcée chaque jour de marcher un peu plus, selon mes capacités. Un jour à la fois.

En quête de conseils et de témoignages, le site d’Agir pour le Cœur des Femmes m’a apporté quelques réponses. Je me suis faite accompagner par un psychologue libéral pour me décharger émotionnellement. Nous avons une chance inouïe de résider en France, où le système de santé et les parcours de soins sont bien structurés, adaptés et gratuits.

Toutefois, selon mon expérience, un échange avec un professionnel de santé mentale aurait été essentiel dès les premiers jours d'hospitalisation, afin d’accompagner le choc émotionnel et les répercussions psychologiques liées à l’événement.

Trois mois après l’infarctus, une coronarographie a révélé qu’un stent était nécessaire. Il a été posé avec succès, et j’ai rapidement ressenti une nette amélioration physique.

En juin, j’ai eu la chance de participer à une rééducation cardiovasculaire à l’hôpital pendant trois semaines. J’y ai été portée par une équipe soignante bienveillante et dynamique. La rééducation, en groupe mais personnalisée, proposait chaque jour un programme adapté : cours d’éducation à la santé, rencontres avec une psychologue, une diététicienne, un pharmacien, un éducateur sportif, le tout supervisé par une cardiologue aux précieux conseils. Ce stage a été salutaire. Encadrée en toute sécurité, les séances de sport quotidiennes ont permis de remettre la machine en route et de me redonner confiance.

Aujourd’hui, je poursuis le programme santé et applique avec conviction et détermination les conseils reçus : « Le sport est votre meilleur allié, il faut le voir comme un médicament, tout comme une alimentation équilibrée. » Je me motive chaque jour à faire au moins 10 000 pas et je pratique une activité physique six jours sur sept (course à pied, vélo, fitness…), tout en cuisinant des repas plus équilibrés.

Je suis reconnaissante d’avoir eu une seconde chance. Amoureuse de la vie, j’aime trouver du sens dans ce que je fais. C’est pourquoi je suis ravie de partager ce témoignage, pour vous aider à prendre les bonnes décisions. Prenez soin de vous, de votre famille, de votre santé. Faites-vous dépister. Personne ne le fera à votre place.

 
VOIR AUSSI
placeholder

Sabrina, 40 ans

Vendeuse, Hazebrouck

Une autre journée classique d'une maman tout juste quarantenaire, travaillant à temps complet, boulot à 7h, fini à 15h, je rentre à la maison. Je m'accorde une bonne heure de marche active avec les copines, je fais un peu de rangement, le repas du soir. Et on se couche. A 3h15, je me [...]

Lire la suite

placeholder

Stéphanie, 55 ans

Secrétaire (Nancy)

« Une collègue de bureau m’a agressée verbalement pour un incident qui me paraissait sans importance. J’ai ressenti comme un choc physique, mais je n’y ai pas prêté attention. J’ai eu mal dans la poitrine et dans le bras gauche pendant deux ou trois jours, mais la douleur ne m’a pas [...]

Lire la suite

placeholder

Emilie, 36 ans

Infirmière, Issoire

« J’ai perdu mon mari en juillet 2019, brutalement. A la suite de son décès, j’ai été suivie par un psychiatre. Nous avions trois enfants en bas âge et il fallait que je continue à me battre pour elles. Je ne fume pas mais restais très stressée, devant désormais tout assumer seule. En [...]

Lire la suite

 Votre don permettra d’améliorer
la prévention au moment clef
de la vie d’une femme