Il a été constaté durant la pandémie de Covid que le coronavirus entraîne des complications cardio-vasculaires de manière aigue. Avec les formes longues ou persistantes, peut-il y avoir des effets à long terme sur le système vasculaire ?
Le vieillissement des artères
Avec le temps, les artères perdent l’élasticité qui leur permet d’absorber et de transmettre les variations de pression dues aux contractions normales du cœur qui est un véritable muscle. Ce processus de rigidification, qui accroît les risques d’infarctus ou d’AVC est un des effets naturels du vieillissement
Une étude internationale a recherché l’éventuel impact de l’infection Covid sur les artères à plus long terme.
Pour ce faire, les chercheurs ont utilisé une méthode de mesure de référence de l’élasticité artérielle, qui n’est pas un examen de routine. Elle consiste à enregistrer, avec un capteur en deux endroits dont on connait la distance (artère carotide et artère fémorale), la vitesse à laquelle se propage l’onde de pression (vitesse de l’onde de pouls) tout au long des artères et l’on sait que celle-ci est d’autant plus élevée que les vaisseaux sont rigides.
Les résultats de l’étude
Les 2390 participants à l’étude, ont été recrutés dans 18 pays et répartis en quatre groupes : des sujets séronégatifs, donc a priori non infectés dans les six mois précédents qui constituent le groupe des sujets normaux (appelés encore sujets témoins), des patients ayant développé une forme peu grave de Covid ne nécessitant pas d’hospitalisation, des patients hospitalisés pour un Covid dans un service de médecine classique et des malades atteints d’un Covid grave placés en unité de soins intensifs.
L’examen a été pratiqué six mois, puis douze mois après l’épisode de Covid.
Les résultats, publiés dans la revue de la Société Européenne de Cardiologie, montrent qu’après un Covid, la vitesse de l’onde de pouls est augmentée de façon significative par rapport aux sujets témoins dont les valeurs sont normales compte tenu de leur âge et ont donc des artères moins souples.
Chez ces patients infectés, y compris le groupe des formes légères, les vitesses sont plus importantes que chez les participants séronégatifs. Le phénomène est particulièrement marqué chez les femmes et chez les personnes souffrant de symptômes de Covid long, tels que de la fatigue et un essoufflement.
À partir de ces valeurs on peut estimer l’âge des artères. Alors que chez les hommes, les valeurs sont peu ou pas augmentées, chez les femmes, les artères de celles ayant fait une forme légère de Covid ont subi l’équivalent d’un vieillissement de 5 ans en moyenne. Quant aux patientes admises en réanimation, leur âge vasculaire est augmenté de dix ans !. Il n’existe pas de hausse continue de la rigidification dans les trois groupes de patients infectés mais bien cette une différence très significative dans les formes les plus sévères.
Sans être pathologique, la pression artérielle est également plus élevée chez les anciens malades du Covid, alors qu’elle est normale dans le groupe des patients témoins : environ 10 mm Hg de plus avec 120/70 mm Hg chez les témoins et 130/80 mm Hg après le Covid. Ces chiffres placent ces personnes dans la catégorie « pression artérielle élevée » telle qu’elle vient d’être définie par les Recommandations européennes. On peut craindre, si le phénomène persiste voire s’accentue avec le temps que les personnes infectées développent, à plus ou moins long terme, une hypertension artérielle en raison de l’augmentation de la rigidité de leurs artères induite par l’infection Covid.
Peut-être certains patients étaient-ils prédisposés à la survenue d’une hypertension artérielle, et le Covid aura alors précipité les choses en avançant la survenue de la pathologie.
Elément, un peu rassurant, le même examen réalisé douze mois après l’infection révèle que le phénomène de vieillissement vasculaire lié au Covid s'améliore, sans toutefois revenir à la normale. Les auteurs souhaitent naturellement poursuivre leur étude afin d’évaluer le devenir de ces patients et de surveiller leur santé cardio-vasculaire.
Mais pourquoi les femmes sont-elles plus touchées ?
En l’absence d’étude expérimentale démontrant formellement le mécanisme de cet effet, plusieurs explications sont avancées pour expliquer l’impact du Covid sur l’âge de nos artères : On sait depuis le début de la pandémie que le virus du Covid infecte directement les cellules endothéliales qui forment le revêtement des vaisseaux et qui étant en contact avec le sang provoquent des thromboses veineuses : phlébites et embolies pulmonaires, plus rarement des thromboses des artères. L'inflammation certainement et la réponse immunitaire pourraient être impliquées avec une réponse plus importante en cas d’infection chez les femmes qui serait responsable d’un vieillissement artériel plus marqué. On sait aussi que les formes Covid long sont plus fréquentes chez les femmes et le fait qu’elles soit âgées d’une cinquantaine d’année (péri-ménopause) pourrait constituer un élément important.
Alors, que faire ?
Cette étude met en évidence une nouvelle catégorie de sujets à risque de développer une hypertension artérielle : les personnes ayant eu le Covid, a fortiori si elles ont des symptômes qui persistent dans le temps.
Comme cette hypertension n’est pas encore installée, on peut essayer d’éviter son apparition.
Pour cela :
- On ne s’angoisse pas trop…,
- On surveille, ou on fait surveiller, régulièrement sa pression artérielle (conseil valable pour tout le monde),
- On recherche si d’autres facteurs de risque comme le tabagisme, le diabète ou l’excès de cholestérol ne sont pas présents et on les prend en charge le cas échéant,
- On mange moins de sel, davantage de fruits et légumes et on fait ses 7000 pas par jour,
- Si la pression artérielle continue à s’élever malgré ces changements de mode de vie, il faudra un traitement avec des médicaments.
En conclusion
Le Covid a altéré, entre autres, les artères, plus particulièrement chez les femmes.
Il a été mis en évidence un risque accru d’apparition d’une hypertension artérielle.
Le sachant, on se doit de réaliser la prise en charge adéquate qui permettra d’éviter les complications à type d’infarctus et d’AVC qui sont en grande partie accessibles à cette prévention.
Référence :
Bruno R. M. et al : Accelerated vascular ageing after COVID-19 infection: the CARTESIAN study.
European Heart Journal (2025) 00, 1–14 - https://doi.org/10.1093/eurheartj/ehaf430
Mots-clés : Prévention cardio-vasculaire, COVID, atteinte vasculaire, rigidité artérielle, Hypertension artérielle.
Selon une étude chinoise (DECIDE-Salt) réalisée durant 2 ans chez des sujets âgés vivants en institution, le remplacement du sel alimentaire (chlorure de sodium) par un substitut (chlorure de potassium) est plus efficace pour réduire la pression artérielle, notamment systolique, et pour [...]
Un petit déjeuner tôt le matin et un dîner pas trop tardif sont associés à un moindre risque d’accident cardiaque ou vasculaire cérébral. Manger tardivement, après 21h, est associé à une augmentation de 28% du risque de maladie cérébrovasculaire, par rapport à un dernier repas avant [...]
Le docteur Stéphane Manzo, Cardiologue à l’AP-HP à Paris et ambassadrice d’Agir pour le Cœur des femmes nous explique pourquoi la femme est au moins aussi concernée que l’homme quand il s’agit d’infarctus du myocarde! Pendant longtemps, l’infarctus du myocarde (IDM) a été [...]