« Je suis étudiante en Master 2 de marketing international et alternante au ministère de l’Éducation nationale en tant que chargée de communication. Dans ma vie, j’ai toujours été active, ambitieuse, une fille qui avance, qui vise loin. Jamais je n’aurais imaginé que mon cœur allait me rappeler que je n’étais pas invincible.
Tout commence en silence. Une fatigue qui ne ressemble pas aux autres, des vertiges, des vomissements, une pression dans la tête comme si quelque chose allait exploser. J’accuse d’abord ma thyroïde, car je suis hypothyroïdienne depuis mes 16 ans.
Mais, au fond de moi, je sais que cette fois-là, quelque chose ne va pas. Je sens que mon corps lâche, mais je continue à me dire “ça va passer”. Les urgences ne trouvent rien et les jours passent… puis un nouveau médecin entend un souffle au coeur.
Je n’y crois pas. Je me dit que ce n’est rien, une erreur médicale, comme beaucoup de femmes qui minimisent leurs douleurs. Heureusement, ma mère insiste : “Assia, va voir un cardiologue. Là, ce n’est plus normal.”
Ce jour-là, ma vie bascule. C’est comme si le ciel me tombe dessus. En l’espace de quelques phrases, tout ce que je connais, tout ce que je pense contrôler, s’effondre.
Le cardiologue m’annonce que j’ai une insuffisance cardiaque, que mon coeur se fatigue, il n’arrive plus à assurer son rôle normalement. Puis il ajoute que j’ai aussi une fuite aortique sévère, un reflux important du sang à cause d’une valve qui ne se ferme plus correctement. L’IRM révèle que cette valve défaillante est bicuspide, c’est-à-dire qu’elle n’a que deux feuillets au lieu de trois. Une malformation congénitale, que personne n’a jamais vue avant.
En une minute, je découvre que mon coeur est abîmé, fragile, et qu’il met ma vie en danger. À 22 ans, le cardiologue me fait comprendre que c’et une urgence. Pas dans un an, ni même dans quelques mois. Il faut opérer rapidement.
J’ai l’impression que le sol se dérobe sous mes pieds. On parle de mon coeur, ma vie et d’une opération à coeur ouvert qu’il faut accepter d’un coup, sans avoir le temps de réaliser. L’acceptation… je crois que je n’y suis toujours pas totalement arrivée, même aujourd’hui…
Je choisis la valve mécanique, celle qui dure à vie, mais ce choix n’est pas facile car il faut surveiller mon INR en permanence, vivre avec les anticoagulants et accepter tous les risques qui vont avec. Mais je choisis la vie.
Le 20 mai 2025, on arrête mon coeur pour le réparer. À mon réveil, je vois les machines, les tubes, j’entends les bips. Je suis vivante. Différente. Mais vivante. La suite sera une guerre intérieure.
Réapprendre à marcher, à respirer, à faire confiance à ce nouveau coeur qui fait “tic-tac” comme une montre dans ma poitrine. C’est le son de ma survie et il me rappelle que je suis toujours là. Une minute de marche me parait une éternité, mais je suis debout. Pour moi, c’est déjà une victoire.
Et il y a une autre part de mon histoire, que peu de gens voient. Je suis sourde profonde depuis ma naissance. Cette opération, je l’ai vécue avec ce handicap et ça change tout. A l’hôpital, avec les masques, le bruit, les gestes rapides, je ne comprenais rien. Je lisais sur les lèvres, je regardais les yeux des gens, j’essayais de deviner.
Parfois, j’avais l’impression de crier dans ma tête mais que personne ne m’entendait. Une sensation d’impuissance atroce. Dans le bloc opératoire, je me suis sentie invisible. Je voyais les gens bouger, parler, préparer… et moi, je ne comprenais rien…
Aujourd’hui, je vis avec ma valve mécanique et mon traitement à vie. J’ai continué mes études, validé mon année, repris ma routine, réappris à vivre. Cette expérience m’a rendue résiliente, elle a réveillé en moi une force que je ne connaissais pas. C’est le mot qui résume mon parcours : « la résilience ».
Elle m’a aussi donné une mission pour aider, rassurer, soutenir tous ceux qui vont subir une opération du coeur les femmes, les hommes, les jeunes, les enfants, les personnes en situation de handicap etc. pour leur donner les mots, le courage, les conseils que j’aurais aimé entendre avant de passer au bloc. Cette épreuve m’a appris que la santé est un bien précieux, que la différence est une force et que chaque battement de cœur est une seconde chance.
Si mon coeur bat encore aujourd’hui, c’est pour porter une lumière à ceux qui traversent l’obscurité. Pour dire : « Tu as peur, mais tu n’es pas seul. Et tu vas t’en sortir. »
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