Votre Fondation a pour mission d’agir au service d’une société plus équitable. Ces valeurs, partagées avec Agir pour le Cœur des Femmes sont une explication à votre soutien ?
C’est fondamental pour moi qui ne me suis jamais reconnu dans une société qui ne valoriserait que le profit pour les entreprises et la consommation pour les citoyens, comme seule finalité recherchée.
La conscience sociale et culturelle doit être un des éléments majeurs de la vie d’un entrepreneur qui réussit, c’est pourquoi dès la création de mon groupe Fimalac en 1991, j’ai souhaité m’impliquer dans la lutte contre toutes les exclusions dont souffrent beaucoup trop de nos concitoyens. Nous l’avons fait notamment dans le secteur du travail en faveur des jeunes des quartiers défavorisés avec la Fondation Agir Contre l’Exclusion, pour le retour à la vie professionnelle des femmes de plus de 45 ans avec Force Femmes ou encore depuis 2006, pour l’accès à la culture des jeunes issus de milieux modestes avec la Fondation Culture & Diversité.
Et parce que la santé est un bien précieux, ma famille et moi avons souhaité agir avec la Fondation Marc Ladreit de Lacharrière, en nous engageant pour que chacun puisse bénéficier d’un accès aux soins et d’un parcours de santé adapté. En effet, les problématiques de santé mentale et physique se cumulant souvent avec des difficultés économiques et sociales, agir pour l’égalité de l’accès aux soins et au bien-être des plus fragiles, c’est aussi agir pour plus d’égalité des chances.
Votre souhait de réduire les inégalités de prise en charge entre les femmes et les hommes dans les maladies cardio-vasculaires est-elle une autre explication de votre engagement ?
Lorsque Claire Mounier-Vehier et Thierry Drilhon sont venus me parler du Bus du Cœur des Femmes, j’ai été sidéré par les chiffres : 200 femmes qui meurent chaque jour des maladies cardiovasculaires, alors que dans 8 cas sur 10 cela pourrait être évité avec un bon dépistage ! Comment ne pas s’engager quand on vous propose tout simplement de sauver des vies en s’attaquant à la première cause de mortalité des femmes !
Vous êtes membre fondateur du Bus du Cœur des Femmes. Comment avez-vous vécu son développement depuis son lancement, il y a trois ans ?
Dans un pays où l’hôpital public est en crise et où l’on ne cesse de parler de désertification médicale, quoi de mieux que de permettre au Bus du Cœur des Femmes de se lancer, d’étendre son action à toute la France et de la décupler. Dans notre pays, où la prévention et le dépistage sont les grands oubliés des politiques de santé publique, il est de notre devoir d’agir pour combler ce manque.
Il y a donc trois ans, le Bus se lançait sur les routes de France, avec l’ambition de sauver 10 000 femmes en cinq ans, mais depuis, quel succès et quelle réussite ! En effet, avec déjà plus de 12 000 femmes dépistées, je ne peux que me féliciter d’avoir souhaité engager ma Fondation dès les prémices de l’opération. Ces trois premières années confortent les objectifs que nous nous sommes fixés avec Claire et Thierry, que les femmes ne meurent plus à cause de l'inacceptable en France, l'inégalité face aux soins.
Comment avez-vous réagi à la destruction du Bus du Cœur des Femmes lors des violences urbaines de juin 2023 ?
Comme tout le monde, j’ai été révolté et abasourdi par la nouvelle de l’incendie du Bus, toute aussi révoltante et incompréhensible que toutes les dégradations gratuites qui sont commises sur des installations au service du bien commun. Mais rien n’arrête le Bus du Cœur des Femmes, pas même un incendie ! Et le formidable élan de solidarité, tout comme la mobilisation des bénévoles du Bus qui se sont organisés pour reprendre les dépistages dès le lendemain de ces événements en sont des preuves formidables.
A l’issue de l’incendie du Bus du Cœur des Femmes, vous avez souhaité financer la Maison Médicale Mobile qui complète maintenant le dispositif...
En tant que membre fondateur du Bus du Cœur des Femmes, j’ai tenu à ce que la Fondation contribue à ce que le Bus fasse peau neuve et puisse reprendre la route au plus vite, c’est pourquoi la Fondation Marc Ladreit de Lacharrière a financé l’intégralité de la Maison Médicale Mobile qui offre désormais aux femmes et aux bénévoles de meilleures conditions d’accueil et de travail sur chacune des étapes.
Quelles sont les perspectives de votre engagement dans la lutte contre les maladies cardio-vasculaires chez les femmes ?
Si les premiers objectifs ont été très vite et largement dépassés, notre engagement aux côtés d’Agir pour le Coeur des Femmes s’inscrit sur le long terme et entend accompagner le développement de ses actions pour sauver encore plus de vies et poursuivre la lutte contre les inégalités.
C’est ainsi que cette année, en plus du Bus, nous avons également soutenu le lancement du dispositif de la Journée du Cœur des Femmes, qui vient en complément de ce dernier, afin de répondre à la demande croissante des villes et de déployer des actions de prévention à grande échelle.
Avez-vous un message à faire passer aux 12 000 femmes qui ont déjà pu bénéficier d’un dépistage cardio-vasculaire et gynécologique gratuit grâce au Bus du Cœur des Femmes ?
Avant tout, de continuer à prendre soin d’elles, comme elles l’ont fait en décidant d’aller jusqu’au Bus pour se faire dépister, et de suivre les conseils et les recommandations qu’elles y ont reçus. Ensuite, je reprendrais l’un des piliers de l’opération, en rappelant que nous devons tous être, comme le dit Claire, des « colibris », à savoir des relais de prévention, chacun à notre niveau. Toutes les femmes qui sont déjà passées par le Bus ont aussi ce rôle à jouer auprès des autres femmes, c’est une chaîne vertueuse.
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