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GYNECOLOGIE

Ménopause, traitement hormonal et risque cardio-vasculaire: deux nouvelles publications qui confirment et précisent leurs relations !

Le docteur Brigitte Raccah-Tebeka, gynéco-endocrinologue et ambassadrice de notre fondation Agir pour le cœur des femmes a lu pour vous deux nouvelles publications la première sur le lien existant entre le risque de maladie cardio-vasculaire et la survenue de la ménopause ; la seconde sur l’impact du traitement hormonal sur ce risque cardio-vasculaire.

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La ménopause est un phénomène biologique naturel qui marque la fin des années de reproduction de la femme. Les ovaires s’arrêtent de travailler et de produire des hormones essentielles, principalement les œstrogènes. Cette évolution hormonale a de nombreuses conséquences sur la santé en général, en particulier sur la fonction cardio-vasculaire, le métabolisme des graisses, et l’intégrité des vaisseaux. Les estrogènes ont été reconnus de longue date comme cardio-protecteurs avec une moindre incidence des maladies cardiovasculaires chez les femmes par rapport aux hommes avant la ménopause.
Les maladies cardio-vasculaires restent la principale cause de mortalité parmi les femmes ménopausées. La diminution des estrogènes après la ménopause entraîne une augmentation du cholestérol total, une diminution du bon cholestérol (le HDL sur votre bilan), une augmentation du mauvais cholestérol qui s’infiltre dans la paroi de l’artère (le LDL sur votre bilan), une élévation de la pression artérielle et une insulino-résistance. Tous ces facteurs contribuent collectivement à une augmentation du risque de maladie cardio-vasculaire. Malgré l’association bien établie entre la ménopause et les modifications métaboliques, l’impact direct de la ménopause en tant que telle sur le risque cardiovasculaire à long terme reste imprécis.
Une étude vient de paraître dans le journal Maturitas d’octobre 2025 qui cherche à évaluer ce rôle propre du statut ménopausique à partir d’une large cohorte prospective au Royaume-Uni (1). Ainsi, les données de 222 007 femmes ont été analysées concernant de nombreux paramètres et en particulier, leur statut hormonal. Un score de risque cardio-vasculaire élevé était défini par un risque de survenue d’accidents dans les 10 ans supérieur à 7,5 %.
Chez les femmes ménopausées (158 572), ce risque était significativement supérieur comparativement aux femmes non ménopausées (63 435). Après ajustement par rapport aux autres facteurs connus du risque cardio-vasculaire, la ménopause apparaissait comme un facteur de risque indépendant en particulier chez les femmes âgées de moins de 60 ans.
Cette étude semble donc confirmer que la ménopause en tant que telle doit être considérée comme un facteur de risque indépendant sur le plan cardio-vasculaire. Une prise en charge globale est donc essentielle ave notamment révision des règles hygiéno-diététiques et amélioration de l’activité physique.
Une seconde étude a été publiée cet automne dans la revue JAMA Internal Medicine (2) avec une nouvelle analyse de deux essais randomisés évaluant le traitement hormonal de la ménopause chez des femmes âgées de 50 à 79 ans aux États-Unis, souffrant de symptômes vasomoteurs. Dans cette étude, le traitement hormonal associant un estrogène et un progestatif réduit les symptômes vasomoteurs de la ménopause sans affecter le risque cardio-vasculaire chez les femmes âgées de 50 à 59 ans. En revanche, chez les plus de 70 ans, le risque était augmenté dans les deux essais.
Ces données confirment les recommandations actuelles d’initier un traitement hormonal, s’il est nécessaire en raison des symptômes climatériques, chez les femmes récemment ménopausées jusqu’à 10 ans après le début de leur ménopause. En revanche, une initiation plus tardive augmente le risque d’accident cardio-vasculaire et donc n’est pas souhaitable entre 60 et 69 ans et est absolument à éviter après 70 ans. Notons que, dans cette publication américaine, le traitement hormonal utilisé est connu pour être beaucoup plus néfaste sur le plan cardio-vasculaire (voie orale) avec un impact sur le bilan métabolique et la coagulation que le traitement utilisé en France où le traitement hormonal privilégie une association d’estrogènes par voie cutanée et de progestérone naturelle qui a un impact métabolique favorable, un effet neutre sur la pression artérielle et la coagulation donc à moindre risque cardio-vasculaire.
En pratique, il est très intéressant de respecter cette notion de fenêtre d’intervention avant d’initier un traitement hormonal de la ménopause.
Ce traitement est aujourd’hui proposé chez les femmes qui ont des symptômes climatériques invalidants et qui n’ont pas de contre-indication cardio-vasculaire et gynécologique. Le risque cardio-vasculaire doit faire l’objet d’une évaluation précise avant la mise en route du traitement hormonal de la ménopause. D’autres éléments spécifiques à la femme doivent être évalués permettant de s’assurer du bon équilibre de la balance entre les bénéfices attendus et les risques éventuels pour elle. Quand la décision de traitement est validée, il convient d’initier le traitement dans les années qui suivent le début de la ménopause pour limiter les risques d’accident cardio-vasculaire chez une femme, plus âgée, qui aurait déjà développé des plaques d’athérome dans ses artères.


1. Vallée A. Menopause and risk of atherosclerosis cardiovascular disease : insights from a women’s UK biobank cohort. Maturitas.2025 ;201 :108693
2. Rossouw JE, Aragaki AK, Manson JE et al. Menopausal hormone therapy and cardiovascular diseases in women with vasomotor symptoms : a secondary analysis of the Women’s Health Initiative randomized clinical trials. JAMA intern Med. 2025 sept 15 :e254510


 
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