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Gynécologie

L’hypertension artérielle au cours de la grossesse: une situation pas si rare à prendre très au sérieux !

Le Dr Magali Louis, néphrologue à Chalons sur Saône spécialisée en HTA et ambassadrice d’Agir pour le Cœur des Femmes nous alerte sur les spécificités de l’HTA au cours de la grossesse.

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La grossesse est une période particulière au cours de la vie d’une femme. Elle s’accompagne de modifications physiologiques cardio-vasculaires. Il existe en particulier une baisse importante de la pression artérielle au cours des deux premiers trimestres de la grossesse due à une vasodilatation importante des artères.
La pression artérielle peut, dans certains cas, ne pas s’abaisser normalement voir même s’élever. Quand la pression artérielle dépasse 140/90 mm Hg en consultation, on évoque le diagnostic d’hypertension artérielle de la grossesse.
L’hypertension artérielle au cours de la grossesse traduit un défaut de fabrication et de développement du placenta. Elle apparait après 20 semaines d’aménorrhée et doit disparaitre dans les 3 mois qui suivent l’accouchement. Si la pression artérielle est élevée dès le début de la grossesse et avant le 4ème mois, c’est qu’il y avait déjà une hypertension chronique méconnue antérieure à la grossesse.
Le risque d’avoir de l’HTA due à la grossesse augmente avec l’âge (après 35 ans), chez la femme en surpoids ou obèse, la multipare, la fumeuse, la diabétique, avec le stress, les grossesses médicalement assistées. Les grossesses gémellaires augmentent aussi ce risque de mauvaise placentation. D’autres facteurs connus des obstétriciens sont aussi impliqués et recherchés quand le diagnostic d’hypertension est confirmé.
Pourquoi et quand dois-je surveiller ma pression artérielle au cours de la grossesse ?
Quel que soit vos antécédents, une mesure de la pression artérielle est recommandée à chaque consultation pré natale durant toute votre grossesse.
En cas de chiffres élevés lors de la consultation prénatale (> 140/90 mm Hg), il vous sera recommandé de faire une mesure de pression artérielle en dehors du cabinet médical (mesure sur 24 H = holter tensionnel des 24 H) ou automesure tensionnel au bras) avec analyse des résultats par le cardiologue et l’obstétricien.
L’HTA confirmée, est la complication la plus fréquente de la grossesse puisqu’elle touche 5 à 10 % des femmes. Elle est le plus souvent asymptomatique. Dans certains cas, elle peut donner des symptômes tels que maux de tête, troubles visuels, douleurs épigastriques en barre, bourdonnements d’oreilles… Il faut donc rester vigilante sur ces symptômes d’alerte et consulter la maternité au moindre doute.
Car si l’hypertension artérielle n’est pas détectée et contrôlée, la situation clinique peut vite s’aggraver et évoluer vers une pré-éclampsie qui peut avoir des conséquences très graves pour la mère et le foetus.
Cette surveillance s'accompagne également d’un contrôle des protéines (albumine) dans les urines (appelée quand c’est pathologique : protéinurie et albuminurie).
Et si je suis déjà hypertendue avant de débuter ma grossesse ?
Si vous avez déjà une hypertension artérielle chronique, il faut absolument parler de votre projet de grossesse avec votre médecin. Certains médicaments de l’HTA comme les inhibiteurs de l’enzyme de conversion, les antagonistes des récepteurs à l’angiotensine et la spironolactone sont contre indiqués dès le deuxième trimestre de grossesse car ils peuvent être dangereux pour le développement du fœtus. Votre médecin effectuera des changements de traitement avant de débuter votre grossesse, autorisés comme la nicardipine ou le labétalol par exemple (www.CRAT.fr).
Enfin si votre pression artérielle n’est pas équilibrée avant et/ou dès le début de la grossesse, il est important de vous rapprocher d’un spécialiste de l’hypertension artérielle pour effectuer un bilan spécifique de l’ HTA et adapter la prise en charge.
Qu’est-ce que la pré-éclampsie ?
La pré-éclampsie est une maladie spécifique de la grossesse, complication rénale et parfois hépatique de la mauvaise placentation. Le fœtus n’est pas correctement nourri. Elle peut se compliquer chez la mère de défaillance de plusieurs organes comme le cerveau, les reins ou le foie entre autres et peut même en danger la santé de la mère. C’est une urgence absolue.
Elle survient à partir du 2ème trimestre de grossesse (après 20 SA) et est diagnostiquée devant la présence d’une hypertension artérielle souvent sévère et de protéines dans les urines.
Elle peut chez le foetus entraîner des retards de croissance intra-utérin, une souffrance fœtale, une prématurité et parfois une morts fœtale in utéro.
Il peut s’y associer des décollements du placenta avec risque de souffrance fœtale aigue (hématome rétroplacentaire).
En cas d'extrême gravité, il est parfois nécessaire d’effectuer une interruption médicale de la grossesse un accouchement en urgence pour sauver la maman et son enfant.

Quelle prise en charge en cas d’hypertension artérielle au cours de la grossesse ?
La prise en charge repose essentiellement sur la prévention.
Le plus souvent, votre médecin vous proposera un suivi rapproché avec une prise en charge dans un centre obstétrical de référence. Le repos est un élément très important dans la prise en charge. Il n'est pas recommandé d'effectuer de régime pendant la grossesse. La consommation de sel doit être normale et pas excessive.
L'introduction de traitement antihypertenseur se discutera en fonction des chiffres de pression artérielle (mesures de consultation et mesure ambulatoire). Faire baisser la pression artérielle est utile principalement pour la maman. Trop faire baisser la pression artérielle peut aggraver la mauvaise vascularisation du fœtus. L’obstétricien saura trouver le juste équilibre.

En cas d’hypertension ou de pré-éclampsie, dois-je avoir un suivi particulier après ma grossesse ?
Chez les femmes souffrant d’hypertension artérielle gestationnelle ou de pré-éclampsie, on observe un retour à la normale de la pression artérielle dans les 3 mois suivant l’accouchement dans la plupart des cas.
Néanmoins, il est conseillé d’effectuer un contrôle de sa pression artérielle, 3 mois après l’accouchement et de faire un bilan cardio vasculaire chez un spécialiste de l’hypertension artérielle.
L’hypertension artérielle au cours de la grossesse et la pré-éclampsie peuvent être les révélateurs d’une pathologie sous-jacente ignorée jusque-là (maladie rénale par exemple).
Enfin, même avec une normalisation de sa pression artérielle, les études montrent que le fait d’avoir présenté une HTA et/ou une pré-éclampsie est un marqueur de risque cardio-vasculaire à plus long terme. Il conviendra donc d’être plus vigilante sur les éventuels facteurs de risque cardio-vasculaire associés. Il sera important d’avoir un suivi de ses pressions artérielles notamment au moment de la péri-ménopause et encore plus de la ménopause.
Agir pour le cœur des femmes, par ses actions d’alerte, d’information et de dépistage vous propose d'optimiser la prise en charge de l’hypertension artérielle, notamment au cours de la grossesse.

Pour en savoir plus :
Consensus « HTA et grossesse » de la Société Française d’Hypertension Artérielle téléchargeable sur www.agirpourlecoeurdesfemmes.com/rubrique fonds de dotation/publications

 
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