Le 3 août 2018, peu avant le coucher du soleil, au cœur des larges et grandioses plaines de Namibie, au soir de la lente et merveilleuse ascension de la dune de Sossusvlei, Françoise, mon épouse, est morte. Elle est tombée silencieusement, terrassée par une crise cardiaque, à quelques mètres de moi qui ne l’ai même pas vu s’effondrer.
Comme j’aurais aimé que ce soit elle, comme Florence, qui témoigne d’y avoir échappé ! Tragiquement, il y a celle qui part subitement, sans un aurevoir, emmuré dans les silences réunis de la mort et du désert. Et il y a celui qui reste, sidéré par la violence, fracassé sur le chaos de l’absence. Après 50 ans de vie commune, je me retrouve brutalement amputé d’une moitié de nous deux. A la mesure de l’amour vécu, je dois entreprendre un long cheminement de reconstruction. Des années. Et espérer atteindre l’apaisement qui n’efface jamais la souffrance intime. Il m’a fallu dépasser le déni, traiter les culpabilités, apprivoiser la douleur, m’extraire de l’autre planète, celle inaccessible à ceux qui n’ont pas croisé l’épreuve, et avec volonté, m’accrocher au monde des vivants. Un parcours lent et sinueux qui touche le cœur, le corps, l’esprit et l’âme ! Je n’ai pas de connaissances médicales particulières, mais ce cataclysme aurait pu être évité, j’en suis certain.
Car Françoise était très attentive à sa santé… mais nous ne savions pas. Nous ne savions pas les symptômes spécifiques de la crise cardiaque féminine. La médecine elle-même n’avait pas encore largement intégré le cri lancé par Claire Mounier dans son livre Mon combat pour le cœur des femmes. Un document que j’ai malheureusement découvert trop tard. J’ai pourtant voulu la rencontrer et lui dire merci. Merci en assumant un paradoxe : celui du soulagement de savoir et la rage de n’avoir pas su avant, et ainsi d’avoir pu déceler des alertes reconnues après coup. Merci Claire pour ce combat et cette vulgarisation. Merci Claire, merci Thierry pour votre engagement tenace. Il a donné naissance au bus du cœur. Un magnifique outil concret de sensibilisation et de dépistage, une œuvre qui fédère tant d’énergies et à laquelle j’adhère.
Alors mesdames, ne négligez pas les symptômes d’alerte, ne repoussez pas à plus tard la consultation de dépistage. Elle peut vous sauver.
Alors nous messieurs, les hommes, les maris, les compagnons, les fils, les frères, les amis, soyons attentifs aux signaux faibles ressentis par les femmes qui nous sont proches et sachons les encourager à faire la démarche.
Comme aime à le dire Claire, soyons tous des colibris de ces messages de vie.
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