La précocité des gestes de survie conditionne la survie des patients victimes d’un arrêt cardiaque. Les chiffres français montrent qu’environ 70% des arrêts cardiaques surviennent devant un témoin, mais que seulement 47 % des premiers témoins réalisent des gestes de survie. Un chiffre insuffisant, même si la situation s’améliore : au début des années 2000, seuls 20% des témoins réalisaient ces gestes, avec une survie alors inférieure à 2%. Actuellement, en France, quand le premier témoin est un acteur et qu’il réalise des compressions thoraciques, la survie est de 10,4% (2). Elle passe à 35,9% s’il utilise en plus un défibrillateur de proximité (1).
Pour continuer à progresser, nous devons communiquer sur les bénéfices pour tous d’une chaîne de survie de qualité, sensibiliser et initier les populations à grande échelle, déployer de façon adaptée les défibrillateurs automatiques en accès public… En renforçant les premiers maillons de la chaîne de survie, ces éléments permettent une articulation efficace avec les maillons forts tant préhospitaliers, avec les Sapeurs-Pompiers ou les équipes de réanimation des SAMU, qu’hospitaliers avec les équipes de cardiologie ou de réanimation.
On constate chez les femmes un certain nombre d’éléments pénalisant la survie. Tout d’abord, une méconnaissance des signes de gravité évoquant certains accidents cardiaques ou l’atypie des signes d’un infarctus du myocarde : absence de douleur thoracique dans près de la moitié des infarctus de la femme de moins de 60 ans. Des urgences cardio-vasculaires se présentant comme une asthénie intense ou des troubles digestifs... Tous ces éléments peuvent retarder l’alerte, en particulier lorsque l’arrêt cardiaque complique ces manifestations. Lors de la présence d’un témoin, la réalisation des gestes élémentaires de survie est moins fréquente pour les femmes (69%) que pour les hommes (74%) (3). La pudeur induite par la mise à nu de la poitrine pour la réalisation des compressions thoraciques, l’hypothétique fragilité des femmes et la crainte de la suspicion « d’agression sexuelle » contribuent au retard des premiers gestes chez une femme qui s’effondre devant un témoin. Au final, la survie est inférieure chez les femmes (12.5%) que chez les hommes (20.1%) comme montré lors d’une récente étude néerlandaise (3).
Plusieurs initiatives doivent être menées pour faire évoluer cette situation. Les femmes doivent être informées, pour apprendre à reconnaitre les signes avant-coureurs d’accidents cardio-vasculaires. L’éducation de la population à la Réanimation Cardio Pulmonaire avec un défibrillateur automatique doit inclure l’information sur les comportements passifs lors de la prise en charge des femmes. Il est également nécessaire de gommer les facteurs qui pourraient diminuer les chances de survie des femmes, afin d’établir un pronostic au moins comparable à celui des hommes.
Agir pour le Cœur des Femmes lance une alerte : « Osez Les gestes de premier secours face à un arrêt cardiaque de la femme pour améliorer leur survie. »
N BENAMEUR*,** , J HENNACHE*,**, S NAVE*,**, J COULIER *,**, D KLUG **,***, P GOLDSTEIN *.
* SAMU du Nord, CESU du Nord, Pôle de l’Urgence, CHU de Lille ** Centre d’Expertise Mort Subite Nord de France, ICP, CHU Lille *** Clinique de Cardiologie et maladies cardiovasculaires ICP, CHU Lille
1. PY Gueugnaud, J Beaune, H Hubert, RéAC , Congrès de la mort Subite, Mulhouse , 2017.
2. Gerald L et al « Epidemiology of out-of-hospital cardiac arrest: A French national incidence and mid-term survival rate study » Anaesth Crit Care Pain Med, 2019 Apr;38(2):131-135
3. Marieke T. Blom « Women have lower chances than men to be resuscitated and survive out-of-hospital cardiac arrest » European Heart Journal (2019) 40, 3824–3834
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