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MEDECINE VASCULAIRE

L’ARTÉRITE : UNE AFFAIRE DE FEMMES ?

Le Dr Jean-François RENUCCI, médecin vasculaire, ambassadeur d’Agir pour le Cœur des femmes à Marseille au CHU de la Timone, nous explique ce qu’est l’artériopathie oblitérante des membres inférieurs, communément appelée artérite. Comment la diagnostiquer, comment la prévenir, comment la traiter ?

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L’Artériopathie Oblitérante des Membres Inférieurs (AOMI) parfois appelée « artérite » correspond à une d’obstruction des artères des jambes par des plaques d’athérome le plus souvent. L’AOMI est sous-diagnostiquée et sous traitée, notamment chez la femme, avec seulement un patient sur 3 qui va consulter avant la survenues des complications.

Le principal facteur de risque est le tabagisme. Mais l’hypertension artérielle, le diabète, l’excès de cholestérol, la contraception avec estrogènes de synthèse sont d’autres facteurs de risque évitables de l’AOMI.

Le signe le plus fréquemment retrouvé est la claudication intermittente encore appelée claudication artérielle. C’est une douleur typique à type de crampes au niveau du mollet, parfois au niveau de la voute plantaire, ou de la fesse, qui survient sélectivement lors de la marche, cède à son arrêt au bout de quelques minutes et réapparait pour la même distance : la « distance de marche ».
Si l’AOMI est sévère les douleurs peuvent exister au repos, les muscles de la jambe n’étant pas suffisamment perfusées par les artères même au repos. A un stade ultime, il peut y avoir des ulcères très douloureux au niveau des orteils ou suspendues sur la jambe.
Il existe d’autres symptômes moins typiques, en particulier chez les femmes, par exemple des fourmillements au niveau des jambes à l’effort ou encore des douleurs au niveau de la fesse qui font égarer le diagnostic, souvent pris pour de l’arthrose ou une sciatique.
Le risque d’une artérite non diagnostiquée est l’amputation quand les artères ne peuvent plus être revascularisées et qu’il y a des lésions sévères des pieds. Ce risque annuel d’amputation est néanmoins très faible (< 1 %).

Par contre, plus grave, l’AOMI est un signal d’alarme d’une maladie diffuse, la maladie vasculaire athéromateuse avec un risque important d’infarctus du myocarde ou d’accident vasculaire cérébral parfois mortels si le dépistage n’est pas fait et qu’il n’y a pas de traitement médicamenteux mis en place.

Les examens pour confirmer le diagnostic d’AOMI, consistent à mesurer la pression artérielle au niveau des chevilles (ce que l’on appelle l’index de pression artérielle systolique à la cheville), à réaliser une épreuve de marche sur un tapis roulant pour déterminer la distance de marche sans douleur et un examen morphologique et hémodynamique, l’échographie-doppler. Cet examen capital permet de visualiser où sont les sténoses athéromateuses des artères et d’étudier leur retentissement sur le passage du sang. Dans certains cas, les médecins vasculaires complèteront le bilan par un angioscanner ou une angio IRM de l’aorte et des membres inférieurs.

La prise en charge est avant tout médicale avec la correction impérative des facteurs de risque :
L’élément le plus important est l’arrêt total et définitif du tabagisme et l’arrêt d’une éventuelle contraception contenant des oestrogènes de synthèse.
Il sera aussi prescrit un traitement pour diminuer le cholestérol LDL (statine), un traitement de la famille des antihypertenseurs (pour avoir une pression artérielle inférieure à 140 – 90 mm Hg) et un fluidifiant du sang (le plus souvent de l’aspirine, appelé antiagrégant plaquettaire). Il faudra aussi avoir un bon équilibre du diabète (avec un traitement médicamenteux si nécessaire). La rééducation à la marche est un élément important pour favoriser le développement de petites artères (collatérales) qui vont court-circuiter la sténose de l’artère principale. Il faut marcher « à la limite de la douleur » durant 3 mois minimum et refaire le point avec son médecin vasculaire. En cas de handicap persistant, une revascularisation peut être envisagée soit par angioplastie avec la pose d’une prothèse (« stent ») par voie endovasculaire ou chirurgie par la réalisation d’un pontage artériel qui courcircuite la sténose de l’artère. Les hommes ont le double de chances d’obtenir un contrôle idéal de leurs facteurs de risque car chez les femmes, le traitement optimal est moins souvent prescrit …
Les missions d’Agir pour le Cœur des Femmes sont de vous Alerter sur cette maladie artérielle des jambes, l’AOMI, d’Anticiper en vous incitant à vous faire dépister si vous avez des symptômes qui ressemblent à ceux que nous venons de vous décrire et d’Agir avec une équipe médicale qui vous proposera un bilan et un traitement adaptés à votre cas. Il faut espérer qu’en se manifestant davantage auprès de médecins plus sensibilisés à ce problème, les femmes bénéficieront d’une meilleure prise en charge de cette pathologie artérielle qu’on pensait jusqu’alors réservée aux hommes. L’AOMI est une maladie de l’environnement et nous pouvons agir efficacement en modifiant notre hygiène de vie. L’AOMI est aussi un clignotant avertisseur du risque d’accident cardio et cérébro-vasculaire à ne pas négliger.

 
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