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Gynécologie

Le traitement hormonal de la ménopause (THM) en 2022 : que nous disent les recommandations américaines ?

Le Docteur Brigitte Letombe, gynécologue à Paris et ambassadrice d’Agir pour le Cœur des Femmes a lu pour nous les nouvelles recommandations de la Société Savante Américaine de référence sur la Ménopause (NAMS) sur les modalités de prescription du THM parus en juillet 2022.

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Les nouvelles recommandations de la Société Savante Américaine de référence sur la Ménopause (NAMS) ouvrent la voie à de plus en plus de prescriptions de Thérapie Hormonale aux États-Unis (THM). Ces nouvelles recommandations ont notamment fait du bruit parce qu’elles viennent du pays d’origine de l’étude de 2002 (Women Health Initiative : WHI) qui avait provoqué la baisse de la prescription de THM non seulement en Amérique du nord mais aussi en Europe. Les nouvelles études publiées depuis remettent largement en cause les conclusions de ladite étude et ont mené à la mise à jour attendue des recommandations américaines.
Rappelons quelques chiffres : aux États-Unis, environ 40% des femmes prenaient un THM à un moment de leur ménopause en 2001, contre 12% maintenant, du fait de cette étude. En France, on passe de 35% en 2001 à 7% aujourd’hui, et le chiffre est en constante diminution, tandis qu’aux États-Unis on observe maintenant une augmentation de la prescription de THM, qui devrait s’accentuer avec ces nouvelles recommandations !

Un aperçu

Les dernières recommandations de la Société Nationale Américaine de Ménopause (NAMS) sur le THM dataient de 2017, en ce mois de juillet 2022 viennent d’être publiées les nouvelles recommandations après une revue exhaustive de la littérature récente. Elles paraissent 20 ans exactement après la publication de l’étude randomisée de prévention primaire cardiovasculaire WHI (Women Health Initiative) en 2002 qui fut à l’origine de cette baisse majeure sur le plan international de la prescription du THM.

Ces nouvelles recommandations sont désormais beaucoup moins restrictives, elles rappellent l’intérêt majeur du THM en début de ménopause pour améliorer la qualité de vie, prévenir le risque fracturaire et soulignent combien le THM est bénéfique en ce début de ménopause et sans véritable limite d’âge de poursuite de prescription en évaluant constamment la balance bénéfices / risques de façon personnalisée. Par ailleurs est rappelée l’absence de limite de temps de prescription des estrogènes locaux dans le cadre du Syndrome Génito-urinaire de la Ménopause (SGM).
Entrons en détail dans les points forts de ces nouvelles recommandations

Les points importants des nouvelles recommandations de la NAMS, telles que publiées en anglais en ce mois de juillet 2022 dans The 2022 Hormone Therapy Position Statement of The North American Menopause Society Advisory Panel, peuvent être résumées, traduites et précisées de la manière suivante.
(publiées dans Menopause: The Journal of The North American Menopause Society Vol. 29, No. 7, pp. 767-794)

• Sur la prescription de THM :

- Le THM reste le traitement le plus efficace sur la symptomatologie vasomotrice, le Syndrome Génito-urinaire de la Ménopause (SGM), la prévention de la perte osseuse et des fractures.

- La personnalisation et la décision partagée avec réévaluations régulières restent la clé pour déterminer de façon individuelle la balance bénéfices / risques avec conseils dans l’usage de la dose appropriée, la durée, le schéma, la voie d’administration pour soulager la symptomatologie et atteindre les objectifs attendus.

- Le THM n’a pas à être arrêté à 60 ou 65 ans et peut être poursuivi après 65 ans si des bouffées vasomotrices persistent pour améliorer la qualité de vie ou pour prévenir l’ostéoporose après évaluation de la balance bénéfices risques de cette poursuite.

- Pour les femmes présentant un Syndrome Génito-urinaire de la Ménopause (SGM) les estrogènes locaux ou des traitements non estrogéniques peuvent être utilisés à n’importe quel âge et poursuivis si nécessaire.


• Sur l’Insuffisance Ovarienne Prématurée (IOP) :

- Les femmes présentant une ménopause précoce ou anticipée (avant 40-45 ans) ou une Insuffisance Ovarienne Prématurée (< 40 ans) sont plus à risque de perte osseuse, de maladies cardio- vasculaires, de troubles affectifs et cognitifs du fait de l'hypo-oestrogénie. Il est recommandé de mettre en place un THM au moins jusqu’à l’âge classique de ménopause à moins d’une contre-indication à son utilisation.


Sur l’évaluation des risques d’un THM :

- Il est recommandé une stratification des risques en fonction de l’âge et du temps de ménopause installée.

- Les bénéfices du THM l’emportent sur les risques chez les femmes symptomatiques en bonne santé qui ont moins de 60 ans et sont à moins de 10 ans de ménopause installée.

- Les voies transdermiques et la baisse des doses peuvent diminuer les risques thrombo-emboliques veineux et les accidents vasculaires cérébraux.

- Il existe peu d’études de qualité (études randomisées et essais contrôlés) sur les risques de la poursuite du THM chez des femmes âgées de plus de 60 ou 65 ans même si des études observationnelles suggèrent un risque rare potentiel de cancer du sein avec l’allongement du temps de suivi du THM.

- Pour certaines femmes après cancer du sein et de l’endomètre, les données observationnelles montrent que l’utilisation à faible dose d’estrogènes locaux vaginaux, pour celles qui ne répondent pas aux traitements non hormonaux semble, est sûre et améliore grandement leur qualité de vie.

- Le risque de cancer du sein n’augmente pas de façon sensible avec un THM combiné estro-progestatif à court terme et diminuerait avec un estrogène seul.

- Les préparations de composés bio identiques présentent un problème de sécurité en l’absence de régulation et de surveillance minimales gouvernementales (surdosage, sous-dosage, présence d’impureté, de manque de stérilité, de manque d’efficacité scientifique, de sécurité et manque d’affichage des risques).

Conclusion

On peut espérer que ces recommandations américaines, qui s’alignent de plus en plus avec celles de la International Menopause Society (IMS) et du Groupe d’étude sur la Ménopause et le Vieillissement Hormonal (GEMVI) contribueront à ce mouvement de reconsidération du THM et aideront plus de femmes à pouvoir y accéder, à l’étranger comme en France pour leur permettre de vivre mieux cette période de vie souvent compliquée et impactante pour nombre d’entre elles.


source : The 2022 Hormone Therapy Position Statement of The North American Menopause Society Advisory Panel
Lien : https://www.menopause.org/docs/default-source/professional/nams-2022-hormone-therapy-position-statement.pdf

 
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